La villa M.

réalisation – avec collaboration de Philippe Lauwers, et la participation de Paul Pedrotti
localisation  Ghardaïa, vallée du M’Zab (Algérie) nature  résidence privéedate  1967-1968client  particulier

© André Ravéreau / ADAGP

© André Ravéreau / ADAGP

« La villa M. a été conçue en cohérence avec les traditions de la vie ibadite, principalement conduites par le climat, et la religion. La construction, disposant en tout de 700m2 de plancher, comporte plusieurs niveaux. Au rez-de-chaussée se trouvent le west ed-dar, l’espace central de vie pour les heures les plus chaudes des jours d’été, le aali, salle de prière, un bureau, des entrées séparées pour les hommes et les femmes et, de part et d’autre de la piscine, plusieurs jardins et salles de séjour. Un astucieux système de portes crée des espaces privés nécessaires aux hommes et aux femmes. Les deux étages supérieurs sont organisés autour de patios ouverts et de terrasses flanquées de galeries (traditionnelles ikomar) qui constituent autant d’espaces de vie répondant à l’usage mozabite. Ainsi, le premier étage accueille notamment une salle de prière pour les femmes.

D’un côté, il y a la maison familiale proprement dite. L’autre côté est entièrement occupé par la douira, la maison des invités, dans le respect de la tradition. La cour d’accès est située sur l’espace central, suivie de la piscine. Celle-ci est prévue en élévation de telle manière qu’elle puisse se vider naturellement, selon la pente, pour irriguer le jardin au fond. Par un système de fermeture amovible, la piscine est accessible soit aux invités, soit à la famille. Depuis la douira, il n’y a pas de point de vue sur la piscine alors qu’il en existe du côté familial : les femmes ne doivent pas être vue des étrangers mais ont toute licence de les voir.

Dominant l’une des salles des hommes en double-hauteur, un moucharabieh permet aux femmes d’observer les réunions masculines et même d’y participer oralement, ce qui n’est en rien interdit par les préceptes religieux. À la différence des moucharabieh du projet de la poste, ceux de la villa s’ouvrent sur les espaces privés du jardin ; ceux-ci sont alors suspendus au dessus de la fenêtre, en console, afin de conserver une vue plongeante entièrement libre, tout en protégeant l’intimité de la famille des espaces publics lointains.

Le chantier ayant débuté peu après celui de la poste de Ghardaïa, les matériaux et les systèmes constructifs sont les mêmes. À l’exception des glaces trempées et des matières plastiques, tous les matériaux ont été choisis parmi ceux que le marché local proposait : pierres, parpaings de ciment, poutrelles de béton armé et voûtains de plâtre. »

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