Après la première chronique sous forme d’entretien qui traitait du vaste thème qu’est le climat méditerranéen, les deux chroniques à suivre vont montrer comment André Ravéreau a composé avec « [l]es particularités de chaque « écosystème » [André Ravéreau dans la chronique précédente] et les réponses qu’il leur a apporté par le détail constructif. Le mur-masque va dans un premier temps servir d’exemple.
André Ravéreau nous explique comment il a utilisé l’épaisseur du mur pour s’adapter aux particularités du climat local.
Le chantier de l’hôtel des Postes de Ghardaïa constitue la première expérimentation, en 1966-67. La puissance du soleil saharien appelait un mur qui puisse se préserver de l’accumulation de la chaleur et le vent sec ainsi que l’absence de pluies permettaient cette disposition particulière. C’est avec ces contraintes climatiques que l’architecte a inventé un mur scindé par un vide d’air afin qu’il se ventile par l’intérieur ou, si l’on préfère, un mur divisé en deux pour que la cloison extérieure constitue un masque empêchant la chaleur de rayonner sur le mur porteur, à l’intérieur. Cette disposition maintient donc dans l’édifice une certaine fraicheur seulement grâce à un système de ventilation naturelle.
Le matériau employé fut le parpaing de béton, universel et bon marché, hourdé au mortier de gypse. Il s’agissait là d’un emploi par défaut comme nous l’explique l’architecte : « En réalité dans ma réflexion, ce système là aurait dû être fait en plâtre. » « Je l’ai fait comme expédient avec le ciment parce que je n’avais pas le temps de faire des expériences pour conduire le programme qui m’était imposé […] de toutes manières, tout le monde construisait avec ça et il fallait bien que l’approvisionnement se fasse sans problèmes… et tout le monde savait l’employer. » [entretien avec l’architecte le 13 mai 2014]
Après l’hôtel des Postes de Ghardaïa, le mur-masque fut mis en place de la même manière pour les logements de Sidi Abbaz, également au M’Zab. Puis sous une autre latitude, le système sera l’objet de variations pour le lycée de Nouakchott en Mauritanie qui sera le sujet de la prochaine chronique.