Une rencontre de deux jours en juillet a été orchestrée à La Terrasse, près de Grenoble, autour d’André Ravéreau et du projet collectif des Communs, mené par Pascal Baeteman et Véronique Perriot. Le thème est à tiroirs : comment construire dès aujourd’hui pour demain, et comment parler aujourd’hui, ensemble, du construire pour demain? André était accompagné de trois de ses stagiaires estivaux et de quelques membres d’Aladar.
Pascal Baeteman est un envoûteur, un maçon philosophe qui jette des voûtes dans le ciel. Ses arcs de briques et ses aphorismes font tenir debout sa maison et son discours.
Véronique Perriot apporte à leur projet commun une douceur et une sérénité qui cachent bien leur jeu : franche et déterminée, elle ancre dans la grisaille du monde les fondations d’un projet ensoleillé, généreux et fédérateur.
André raconte son expérience. Acteur et critique de la modernité, il nous offre des passerelles à tendre entre les traditions d’hier et les innovations de demain. Et s’il fallait chercher à faire un pas de côté, à jeter un regard en arrière, vers le temps où ne s’étaient pas emballées les cimenteries et les aciéries, où le geste de l’artisan pesait encore?
Pascal et Véronique imaginent les Communs comme un éprouvoir, un lieu de paroles et d’actes : il s’agit de mettre la main à la pâte, au littéral et au figuré. Des causeries autour d’André ont été provoquées, pêle-mêle, par des amis, collègues, voisins, par des architectes-artisans, des artisans-architectes, des constructeurs et des étudiants, rassemblés par le désir de construire autrement, selon les règles d’une société différente et plus intemporelle. André veille sur nos idées, les discute, les secoue.
L’architecte, finalement, ne serait-il pas simplement un artisan attentif, un amoureux des propriétés de la matière et des lois de la statique, minutieux, méticuleux, intelligent de la tête aux mains ? Du dessin de linteau au plan de l’îlot, André, Pascal et Véronique nous conduisent à formuler un rêve commun : celui d’une société plus juste.
Texte de Capucine Tournilhac, Olivier Troff, Amaury Hotier.
Photographies de Jeanne Marie Gentilleau.