Après une année 2012 bien remplie, voici la première chronique dans laquelle André Ravéreau, interviewé par Maya Ravéreau, nous parle du climat méditerranéen.
M.R. : André, pourquoi t’es-tu intéressé à l’architecture du climat méditerranéen ?
A.R. : Tout simplement parce que j’ai été conduit à y travailler.
M.R. : D’après toi, quelles sont les particularités de ce climat ?
A.R. : C’est un climat tempéré. Les hivers ne sont pas excessifs, les étés non plus, les précipitations aussi sont modérées, même dans les zones les plus pluvieuses. La chaleur s’intensifie du nord au sud et le régime de la pluie de l’est vers l’ouest. Traditionnellement, ce climat a permis d’occuper les espaces extérieurs une grande partie de l’année, en se protégeant plus ou moins de la pluie par des galeries, quand on se rapproche de la côte ouest.
C’est un climat où la lumière est intense. Cela implique de mesurer la taille des ouvertures en les réduisant du nord (septentrion) vers le sud (midi). Pour les maisons en zone désertique, l’ouverture zénithale (chebek au M’Zab) peut être réduite à 1m sur 1m, et les galeries situées sur les terrassesservent à se protéger du soleil.
Enfin, il faut tenir compte des zones montagneuses où il peut neiger, comme dans la région de Nice ou en Kabylie. Alors, il n’y a plus de patio autour duquel s’articule la maison, mais éventuellement des cours entourées de murs.
Avec l’expansionnisme européen, beaucoup de gens considèrent comme « dépassé » d’occuper l’espace extérieur, simplement parce que pendant quelques semaines de froid, ces zones sont inconfortables. De ce fait, on se prive du plaisir que l’on en tirerait le reste de l’année.
La soucis d’être moderne et le désavantage du suréquipement (que le nord a eu besoin de produire pour atteindre le confort « naturel » du sud) mène à une grande confusion : occultation des west ed dar, [littéralement « centre de la maison », cet espace est ouvert sur le ciel sous les climats favorables] grandes baies vitrées, climatisation… Ces solutions souvent adoptées au sud, menant à une surconsommation d’énergie, ont montré aujourd’hui leurs limites.
On en revient à s’inspirer des leçons du passé pour mieux construire le futur.
Pour être plus explicite il faudrait entrer dans le détail des particularités de chaque « écosystème » et cela nous mènerait loin.
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