La Commission Documentation d’ALADAR, une aventure de près de 10 ans.
Document rédigé par Maya Ravéreau et complété par les membres de l’association ALADAR.
À la création d’ALADAR en février 2012, André Ravéreau était loin d’imaginer combien les documents accumulés par lui depuis tant d’années, ainsi que tous ses dessins, pouvaient passionner d’autres que lui. À ses yeux, il était naturel de s’adonner à ce type de pratique : collecte de données, classement, dessins, … et l’absence de ce type de travail chez ses contemporains, jeunes ou moins jeunes, était pour lui un sujet d’étonnement.
Très tôt, les adhérents d’ALADAR eurent conscience de la qualité de ces trésors, côtoyés par les magnifiques iconographies et écrits de Manuelle Roche, sa complice d’une vie. La nécessité d’inventorier ces documents était une évidence pour tous les membres de l’association.
La commission documentation, une aventure de longue haleine
L’association ALADAR s’est très vite organisée en commissions, dont une commission documentation, chargée dès septembre 2012, de réfléchir à la transmission ultérieure de ces documents.
De nombreuses questions se sont d’emblée posées à nous, malgré notre bonne volonté et la formation et qualité de chercheur.e.s de certains membres de l’association. Nous avions besoin d’informations concernant les méthodes et les grands principes d’archivage, ainsi que les écueils à éviter. Par exemple : Quels seraient les organismes susceptibles d’accueillir ces documents une fois André disparu ? Fallait-il tout scanner ? Quelles étaient les meilleures conditions de conservation en attendant de faire appel à des spécialistes ? …. Et de nombreuses autres interrogations.
– Inventaire et classement des diapositives couleurs, des négatifs et tirages noir et blanc de Manuelle Roche ;
– Début d’inventaire et de répertoire des films et des conférences filmées, et leur étiquetage ;
– Aménagement d’espace pour le classement de ces documents iconographiques avec construction de nouvelles étagères ;
– Rangement et évacuation de papiers et documents détériorés ;
– Inventaire et classement des calques originaux de plans ; des dessins et projets d’André ;
– Rangement des rouleaux de plans sur des étagères spécifiques, réalisées selon les plans d’André ;
– Inventaire des documents d’André (carnets, correspondances administratives et de chantier, articles de presse, documents des dossiers suspendus, dessins et projets) ;
– Inventaire et tri de la documentation des pochettes suspendues, avec une pochette spéciale pour réserver les dessins originaux ;
– Listing de l’inventaire général.
Du fait même qu’André était vivant au moment de ce premier inventaire et classement, l’entreprise comportait simultanément un avantage extraordinaire et une grande difficulté. Avantage, car il était présent pour reconnaître les documents, les commenter, les dater ; difficulté, car malgré son grand âge et son handicap visuel, il les utilisait encore et les changeait souvent de place au gré de ses recherches en cours.
Par ailleurs, pour lui, archiver c’était figer. Il se sentait un peu dépossédé de ses documents quand autrui intervenait et les manipulait. Cela lui rappelait aussi sa finitude, et même s’il aimait transmettre, il préférait l’idée de le faire de vive voix ou sous forme de dessins et d’écrits (articles, livres). C’est pourquoi nous prenions toutes et tous consciencieusement soin d’éviter d’utiliser le vocable « archives », pour employer de préférence celui de « documentation ».
De plus, quand André s’ennuyait, il lui arrivait souvent de faire du rangement à sa manière, c’est-à-dire mettre à la poubelle les documents qui ne lui semblaient pas immédiatement utiles. Comme il voyait très peu, nous retrouvions souvent au panier des « perles » déchirées, tels des articles de Hassan Fathy, ou bien il utilisait comme brouillons le dos des pages de documents administratifs concernant ses projets, qui auraient pourtant pu renseigner des générations de jeunes chercheurs sur l’époque où ils avaient été produits.
Le pré-archivage en vue du don au Mucem
Suite au décès d’André, la ferme familiale qui accueillait les archives fut mise en vente et la recherche d’organismes susceptibles d’accueillir ces archives a été réactivée. Différents lieux avaient déjà été démarchés : Les Archives Départementales de l’Ardèche, le Centre d’archives d’architecture du XXe siècle rattaché à la Cité de l’architecture et du patrimoine de Chaillot à Paris, le Fonds Régional d’Art Contemporain d’Orléans, le Centre Pompidou à Paris, les Archives nationales d’outre-mer à Aix-en-Provence, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille.
Ces démarches ont finalement abouti à un accord avec le MuCEM.
Juste à ce moment, une jeune architecte m’ayant opportunément contactée, je lui confiai la mission de m’aider à réaliser le pré-archivage final à destination du Mucem, pré-archivage lors duquel l’intégralité des documents graphiques et écrits fut classé et répertoriée. À ce travail final ont participé également d’autres prestataires et des bénévoles de la commission documentation d’ALADAR. Cette nouvelle aventure, intense et dense, dura cinq mois.
Au final, à la suite de périodes de confinement et déconfinement liés au COVID, qui compliquèrent beaucoup nos actions, les archives purent être rapatriées au MuCEM fin décembre 2020.
Un classement spécifique fut alors réalisé pendant plusieurs mois par le MuCEM pour ranger les documents et les mettre à disposition par le biais de leur instrument de recherche.
Aujourd’hui, c’est chose faite.
La prochaine étape est la numérisation des documents, en cours actuellement pour une grande partie, qui est appelée à se poursuivre sur plusieurs sessions. La documentation à distance sera possible quand les documents seront numérisés.
Les documents sont consultables en accès libre dans les locaux du Centre de Conservation et de Ressources du MuCEM à Marseille, sur rendez-vous.
Lien vers leur site : https://www.mucem.org/collections/explorez-les-collections/centre-de-conservation-et-de-ressources
La diffusion des documents est soumise à autorisation, et pour certains à droits d’auteurs.
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